C'est bien habile de naître. D'autant plus quand vos parents apposent sur vous le délicat patronyme de 'Barnabas Cuffe'. Pourtant, malgré cela la vie continue à un point tel qu'aujourd'hui les années défilent. J'atteins d'ailleurs le score honorable des 61 ans. Alors, bien sûr, il m'est arrivé des soucis. J'ai eu bon nombre de cicatrices, de peines de coeur et de cheveux blancs. Cela ne m'a tout de même pas empêché d'atterrir parmi une bande d'étranges animaux, camarades pour un temps. J'ai été envoyé à Serdaigle. Sinon, je suis un sorcier d'origines mêlées et je vis à Londres si ça vous tente, passez me faire un coucou... mais je vous précise d'emblée : je suis bisexuel ! Enfin, je vous conjure de ne pas révéler mon secret qui est [OK STAFF], cela pourrait me porter préjudice car je suis journaliste

« Barnabas - dit-elle avec les yeux étincelants - Oui, c'est comme ça que nous allons l'appeler... »

Le père semblait vouloir objecter. Car dans sa tête, au fond de son esprit, ses pensées tourbillonnaient telles des feuilles sous le souffle du vent d'automne. Et elles s'assemblaient de telle sorte que le père approchait le prénom Barnabas à une espèce de scarabée, avec de longues antennes et des pattes velues. Le genre d'insecte qu'on ne veut pas chez soit, et celui-là même qu'on ne veut absolument pas associer à son enfant. Il commença à ouvrir la bouche pour objecter mais fut coupé dans son élan par un vif regard noir de sa femme. Elle était comme ça : autoritaire, pleine de tics et de gestuelles que son fils hériterait plus tard.

Pour l'heure Barnabas était encore de ces bambins qui sont constamment dans les pattes de leurs parents. Il pleurait pour un oui, pour un non... surtout pour un non. C'aurait été un euphémisme en fait de dire que Barnabas avait du caractère. Il savait ce qu'il voulait et le faisait comprendre. Son hochet, en ce sens, était un objet crucial qui lui permettait de frapper à tout va. Son père en fut une grande victime. Mais face aux yeux revolvers de sa femme, il n'osait protester. Un jour, pourtant, il lança le hochet au feu, lorsque sa femme et Barnabas eurent les yeux tournés. Ce fut une grave erreur car il se trouva qu'un marteau musical vint remplacer le hochet... Ainsi l'enfance de Barnabas fut ponctuée par des disparitions mystérieuses de jouets et par les satisfactions temporaires de son père.

« Tu sais Archibald, - il s'agit du prénom de M. Cuffe le père - le jour où je t'ai épousé je savais que jamais je ne te laisserais prendre les décisions dans notre couple. Maintenant qu'on est une famille, c'est devenu impossible. Tu es trop gentil pour être un leader et un chef. Je suis parfaite pour ce rôle et Barnabas le sera aussi, à condition que tu te tiennes à l'écart de son éducation. » Tels avaient été les mots qui exclurent Archibald, le père de Barnabas, de sa vie. Dorénavant seule la mère avait le droit de l'éduquer, presque de lui parler. Elle et lui s'étaient enfermés dans une bulle de laquelle était exclu Archibald. Ses amis rirent d'ailleurs du fait que l'on puisse penser que sa femme soit en couple avec deux hommes : son fils et lui-même. Pourtant, comme l'avait deviné sa femme, Archibald était quelqu'un de trop gentil pour protester. Aussi fit-il le dos rond et supporta. Et collectionner les mouches fut une alternative agréable à sa vie de couple et son rôle de père. Il suffisait simplement de cacher son trésor à son fils, au risque qu'il exige d'en être le propriétaire.

Les années défilèrent, bien sûr, et jamais la relation entre la fils et son père ou entre sa mère et le fils n'évoluèrent. A tel point que bientôt Archibald ne connaissait plus Barnabas, il était tel un étranger. C'est à l'âge de onze ans, lorsqu'il reçut sa lettre pour Poudlard qu'il le redécouvrit, avec grand effroi. Car son épouse avait fait de son fils une réplique parfaite d'elle-même. L'enfant était empli de tics, de manière et de regards vifs et intense dans lesquels la haine, la répulsion et l'agacement pouvaient se lire. Il était à mille lieues du petit enfant qu'il avait été autrefois. Barnabas était son fils, certes, mais un fils étranger. Et Archibald n'eut pas le temps d'en apprendre plus sur son fils : il filait déjà à Poudlard.

Barnabas n'était même pas apeuré, du haut de ses onze ans, de rejoindre une école de magie, dans un château lugubre et sans ami aucun. En fait, il était simplement agacé de devoir supporter les pleurs des mamans déchirées et la fumée du train qui persiflait. Il aurait aimé faire ses doléances au conducteur mais il savait qu'un enfant de son âge ne serait pas pris au sérieux. Et lorsque des élèves le rejoignirent dans son compartiment, c'est l'agacement qu'il le faisait rire tout bas dans coin, goguenard.

Et puis tout s'accéléra. Le train filait à travers la nuit, Barnabas rejoignait les premières années et il traversa en barque un lac... Enfin, on le répartit à Serdaigle. Sa première année fut décevante. Barnabas se plaignit beaucoup et envoya une lettre au Ministre de la Magie, laquelle n'eut pas de réponse.

La seconde année et les suivantes révélèrent toutefois le véritable Barnabas. Celui-ci rejoignit en effet les hautes sphères, grâce à des amis bien placés. Les dernières années l'admirent donc et il fut bientôt une de leur mascotte, un peu comme le junior d'un groupe. On mettait en avant son éloquence, sa réparti et ses analyses fines et précises. Ses sarcasmes et son second degrés firent de lui une bête féroce lors des débats et des joutes verbales. Aussi fut-il compté parmi les terreurs lorsqu'il était en dernière année.

Et son caractère lui permis d'accéder à son rêve d'enfance : journaliste. Tout petit il avait souhaité en devenir un, histoire de pouvoir faire imprimer « des images qui bougent » Bien sûr aujourd'hui son ambition avait évolué mais il désirait toujours rejoindre la Gazette du Sorcier. C'est comme pigiste que sa mère réussit à le faire entrer. Mais son ambition et son caractère ne pouvait être contenu. Il venait à donner des conseils jusqu'au rédacteur-en-chef ! Pourtant, ce qu'il disait se révélait souvent judicieux et d'une exactitude ahurissante. Aussi monta-t-il dans les échelons plutôt que de se voir claquer les portes au nez. Et aujourd'hui, sa prestance et son charisme l'ont porté au rang de rédacteur-en-chef du journal qui idolâtrait autrefois.

Barnabas Cuffe est aujourd'hui une légende. Il est aussi un véritable bourreau pour ses employé(e)s sur lesquels il use et abuse de l'ironie, du sarcasme et de la torture psychologique.

« La première fois que je l'ai vu, il m'a semblé froid, glacial et hautain. En fait il est complètement gelé, jusqu'au coeur et s'agace très vite. Je ne sais pas si ce sont mes airs ou ma tenue qui ont fait de moi son bouc émissaire mais toujours est-il qu'il me demande - m'ordonne serait plus approprié - de l'appeler 'Sergent' ! »

« Tout le monde sait que cet homme est compétent dans ce qu'il fait, ça ne fait aucun doute. Mais du coup il dirige d'une main de fer son équipe et ses remarques sont bien trop souvent assassines, empruntes d'un sous-entendu douteux. Je préfère ne pas l'avoir dans les pattes, personnellement. »

« Cet homme est agréable, il faut juste le cerner. Ce qu'il attend c'est la confrontation. Et ce qui l'agace plus que tout c'est quand on courbe le dos. Bien sûr, il n'attend pas qu'on lui réponde par l'insulte ou un coup, simplement par une petite pique comme lui le ferait. Si vous comprenez ça, alors vous irez loin. Travailler avec cet homme plus d'une année vous ouvre toutes les portes. »

« Il fréquente les plus hautes sphères et personne ne lui refuse quoi que ce soit. Il est l'homme le plus puissant de Grande-Bretagne et le sait ! Il a des millions de clients à ses pieds et personne ne se ferait le tort d'être sur sa liste noire. »

Il suffit d'interroger ses employés pour cerner le prédateur qu'il est. Et daignez l'aviser de ce qu'on dit de lui, vous serez bien reçu...