This is the beginning [...] |
Assise sur une chaise à bascule, Minerva McGonagall vous regarde, une couverture aux couleurs écossaises recouvrant ses jambes. Vêtue d’une longue robe de sorcière verte émeraude et d’un chapeau pointu noir, elle entreprend de commencer son récit.
« Je n’ai jamais eu l’occasion de conter mon histoire à quelqu’un. À vrai dire, je n’ai pas pour habitude de parler de mon passé ou de moi-même. C’est sûrement la seule fois que je le ferai.
Je me nomme Minerva McGonagall. D’origines écossaises et sorcières, je suis née le 4 octobre. Je ne souhaite pas divulguer l’année de ma naissance ; on ne demande jamais l’âge d’une dame. Je suis l’une des rares Animagi reconnue du monde sorcier. J’ai la capacité de me transformer en chat rayé gris qui présente des marques spécifiques sur le contour des yeux. Comme vous le savez sûrement, je suis la Directrice adjointe de Poudlard et la Directrice de la Maison Gryffondor. Je suis également Professeur de Métamorphose.
Mais, passons. Tout ce que je viens d’énoncer, vous le savez déjà. Ce qui suivra est d’autant plus personnel et secret. Ce sont des souvenirs qui me sont chers. Cependant, je ne souhaite pas utiliser de pensine, comme le fait mon humble ami Albus Dumbledore. Je souhaite conserver tous mes souvenirs uniquement dans ma mémoire, même s’il faut qu’un jour je la perde... Il s’agit de ma vie, de mes accomplissements, de mon œuvre. Jamais je ne voudrais que l’on me perce à jour. Jamais je ne voudrais que l’on utilise ce que je sais et ce que j’ai vu contre quelqu’un qui m’est cher.
Cadette des miens, je suis née dans une famille purement sorcière en Écosse, et plus précisément à Édimbourg. Bien que nous soyons de sang pur, nous n’avons jamais éprouvé de la méfiance ou de la méchanceté envers les moldus. Bien au contraire. Mes parents étaient de fervents défenseurs d’idéaux pro-moldus, s’insurgeant face aux sorciers peu scrupuleux qui s’adonnaient à rabaisser ceux de l’autre monde. De leur vivant, jamais ils n’ont accepté de s’abaisser aux idéaux bancals des « sangs purs », qui se targuaient d’être les plus puissants et les plus respectés de la communauté magique. Cependant, il est vrai que nous tâchions de rester discrets. Les moldus ne devaient en aucun cas connaître l’existence de notre monde. Il était pourtant de notre devoir de les protéger de nos propres forces obscures. Le Seigneur Voldemort était une de ces menaces...
À la fin des années 30, j’allais étudier à l’école de sorcellerie de Poudlard. Je reçus un parchemin du Directeur adjoint de l’époque qui m’invitait à acquérir mes fournitures scolaires avant la rentrée de septembre. Le Directeur de l’école, de mon temps, était Sire Armando Dippet. C’était un petit sorcier ridé, frêle et chauve. Il lui restait tout de même quelques rares cheveux blancs sur la tête, lorsque ceux-ci n’étaient pas dissimulés par son grand chapeau pointu. Dit-elle avec un sourire, ses yeux larmoyants plongés dans le vague, comme émue par ses propres souvenirs. Ce cher Choixpeau magique me désigna comme une Sang et Or. Dès ma première année, je fus fascinée par la magie et le Quidditch. Mes parents étaient de réels supporters, m’emmenant aussi souvent que possible aux différents matchs. Je pus d’ailleurs assister bon nombre de fois au Tournoi mondial de Quidditch en compagnie de mon père et de mes frères. J’ai souvenance de mon tout premier vol sur un balai. Le Professeur en charge de cet enseignement semblait étonné par ma motivation déconcertante et par ma volonté de réussir dans ce sport, autant que par le fait que j’étais une fille. Je fus même la seule à intégrer l’équipe de Quidditch de Gryffondor lors de ma seconde année, au poste d’Attrapeuse. Vous comprenez à présent pourquoi j’attache une grande importance à ce sport.
Durant ma scolarité, j’eus la chance d’acquérir les enseignements de mon humble ami, Albus Dumbledore, qui était Professeur de Métamorphose à cette époque. C’est de lui que je tiens ma passion pour cet art magique. J’attachai alors une très grande importance à cette matière qui me permit d’obtenir d’excellents résultats tout au long de mes années.
Ma vie à Poudlard en tant qu’élève fut également marquée par ma rencontre avec un certain Tom Jedusor, plus connu sous le nom du Seigneur Voldemort, bien des années plus tard. À l’époque, jamais je n’aurai imaginé que j’étudiais aux côtés du plus néfaste et dévastateur criminel de tous les temps... De prime abord, cet adolescent semblait dérangé et machiavélique. Attelé chez les Serpentards, il était certain qu’il avait toutes les qualités et tous les défauts requis pour intégrer les Verts et Argents. Lorsque le scandale de la Chambre des Secrets éclata, j’entrai dans ma sixième année. C’est Tom qui accusa Hagrid d’être responsable du meurtre de la pauvre jeune fille, dont son fantôme hante de nos jours les toilettes du deuxième étage. Je revois encore le corps de celle-ci passer devant moi, recouvert d’une longue couverture en lin de couleur taupe. Albus tenta d’empêcher l’exclusion de Hagrid, en vain. Armando Dippet décida de le renvoyer, mais accepta tout de même de le laisser exercer en tant que garde-chasse de Poudlard, sous l’influence de Dumbledore.
Par la suite, j’obtins d’excellents résultats à mes ASPIC, composés, pour la plupart des matières, de notes optimales. Cela me valut mon droit d’entrée à l’Université Magique de Londres pour y apprendre la Métamorphose sous toutes ses formes. Les cours se révélèrent bien évidemment beaucoup plus complexes mais non pas moins intéressants. Littéralement passionnée par cette matière, j’étais bien décidée à en faire mon métier. C’est durant ces études que je m’attelai à m’exercer à la transfiguration, déterminée à accroître mes connaissances et mes aptitudes sur le sujet. Je devins ainsi une Animagus, reconnue par la suite par le Ministère de la Magie. Par ailleurs, je parvins à créer un Patronus, qui prit la forme d’un chat, un haut fait de sorcellerie qui me valut la reconnaissance dans mon université par mes professeurs. J’obtins à nouveau d’excellents résultats après plusieurs années à étudier. Bien entendu, je dois avouer que tout ceci ne fut pas de tout repos et que je dus retrousser mes manches pour parvenir à réaliser mes rêves et ces accomplissements.
Cependant, à ma sortie de l’université – fièrement diplômée –, le poste de Professeur de Métamorphose étant toujours occupé par mon humble ami Albus, l’on me proposa un poste au Ministère de la Magie, au Département des Jeux et Sports Magiques. J’eus la chance de pouvoir travailler aux côtés d’importants représentants et de compétents employés pour l’organisation et la surveillance des matchs de Quidditch de tout le pays. Je fus envoyée en remplacement quelques mois au sein du Siège des Ligues Britanniques et Irlandaises de Quidditch où je pus collaborer activement pour le sport. Je fus amenée à me déplacer à travers tout le Royaume-Uni, parfois même à me rendre dans des endroits particulièrement peuplés de moldus. À cette époque, je rencontrai d’ailleurs celui qui allait devenir mon époux, un non-sorcier.
Par la suite, lassée par mon travail et voyant que le poste de professeur se libéra à Poudlard, je décidai de tout abandonner pour poursuivre mon but principal. C’est ainsi, à la fin des années 50, que je déposai ma candidature auprès de mon ami Albus, qui devint Directeur de Poudlard, succédant à Armando Dippet. Dumbledore accepta volontiers et j’accédai ainsi au poste de Professeur de Métamorphose. Toutefois, même si j’étais mariée, je préférai conserver mon nom de jeune fille, McGonagall. En tant que telle, je fus bien vite reconnue comme une enseignante sévère, à la discipline stricte et aux valeurs bien arrêtées. Les élèves surent rapidement me craindre. Je restai toutefois impartiale et juste dans mes jugements et dans mes actes. Jamais je ne défavorisai un élève, quelque soit sa maison.
Quelques années plus tard, Dumbledore me confia le poste de Directrice de la Maison Gryffondor. Profondément honorée, j’acceptai avec plaisir. J’accédai à nouveau un autre poste par la suite, celui de Directrice adjointe de Poudlard. Je tâchai alors de superviser les matchs de Quidditch et les sélections pour l’équipe des Rouges et Ors.
J’eus la chance d’avoir James et Lily Potter en classe, ainsi que Franck et Alice Londubat. Ils furent d’excellents élèves, mais leur réussite ne leur permit pas d’atteindre leurs rêves... Ils sont partis beaucoup trop tôt. Poursuivit-elle, une larme s’échappant de son œil droit pour dévaler sa peau ridée par le temps pour venir s’écraser sur la couverture écossaise. L’ascension fulgurante du Seigneur Voldemort dans les années 70 choqua le monde sorcier. C’est à la suite de ce terrible évènement qu’Albus décida de créer l’Ordre du Phénix. Inutile de préciser que je le rejoignis sans réfléchir. Je fus l’une des personnes les plus actives et influentes en son sein. Cependant, il est vrai que nous avions tous notre importance dans cette guerre et nous devions nous serrer les coudes pour faire face à Voldemort et son armée de Mangemorts. Les Potter, les Londubat, ainsi que Sirius Black faisaient également partis de cet ordre. Il y avait aussi Remus Lupin et Peter Pettigrow, ce satané rat musqué, qui n’était qu’un espion du Seigneur des Ténèbres. Cette ascension du plus puissant mage noir de tous les temps marqua l’avènement d’une grande guerre au sein de la communauté sorcière. Une guerre qui valut la mort de mon époux, tué des mains d’un Mangemort. Elle s’arrêta quelques minutes, visiblement terrassée par la tristesse – une tristesse à jamais enfouie –, avant de reprendre doucement.
Malheureusement pour James et Lily, ils furent assassinés eux aussi, ainsi que leur bébé, le petit Harry, au début des années 80. Dans l’attaque de leur maison, celle-ci explosa, réduisant à néant toutes formes de vie aux alentours. Le Seigneur Voldemort périt dans la bataille. Cette tragédie fut l’œuvre de Peter Pettigrow, qui avait révélé l’endroit où se cachaient les Potter. Le Ministre de la Magie de l’époque, Barty Croupton, envoya Sirius à Azkaban, l’accusant à tord du meurtre de James, Lily et Peter.
La chute du Seigneur Voldemort marqua la fin de la guerre. Les derniers Mangemorts furent chassés et dispersés. Cette « heureuse » fin laissa un goût amer... Il y avait eu beaucoup trop de pertes. L’essentiel était pourtant de continuer à vivre pour faire perdurer le souvenir de nos alliés vaillamment tombés. Continuait-elle en triturant sa couverture. L’Ordre du Phénix fut donc dissout – pour toujours, nous l’espérons, mais nous nous préparons toujours à un éventuel retour d’une force maléfique. Le monde des sorciers ne sera jamais complètement sûr. D’autant plus que le Ministère s’attèle maintenant à nourrir la peur en effrayant la population au sujet de l’évasion de Sirius Black. Nous autres, anciens membres de l’Ordre, savons pertinemment que Sirius est innocent. Je suis d’ailleurs personnellement convaincue que Peter Pettigrow se cache à l’heure actuelle, beaucoup trop lâche pour se faire remarquer. Minerva soupira longuement, réajustant ses lunettes carrées. Elle pinça légèrement ses lèvres et poursuivit. Pour ma part, je tâcherai de protéger du mieux que je le peux les élèves. Tout ce que nous espérons, c’est qu’aucun malheur n’arrive à nouveau. Dans ce climat de terreur, qui sait ce qui peut arriver...
Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, il est tard. Je pense que vous devriez aller vous coucher, et réfléchir à ce que je vous ai raconté. Puisse Sirius être sain et sauf... »
Et doucement, Minerva McGonagall se leva et vint refermer la porte de sa chambre. |